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Aux marocains qui demandent de rentrer au Maroc

Aux marocains qui demandent de rentrer au Maroc

Je suis une étudiante marocaine qui vit à l’étranger, moi aussi. Et en ce moment de confinement, je suis loin de mes parents, loin de ma famille et je vis uniquement dans un studio.

Mais, je ne vais pas retourner au Maroc.

Ces derniers temps, je vois de plus en plus d’étudiants qui sollicitent l’empathie sur les réseaux sociaux. En cherchant d’autres personnes voulant rentrer, ils espèrent que leur demande de rapatriement ait plus de poids vu que les frontières sont désormais fermées. Leur motif ? Se confiner en famille.

Et puis par moment, on ajoute « et passer le ramadan ensemble ».

Je ne connais pas personnellement tous ces étudiants et ne vis peut-être pas le même malheur qu’eux ou du moins pas avec la même manière d’y faire face. Mais, je sais par contre que depuis le début de la pandémie, jusqu’à ce jour du 17 avril, seulement 12,523 tests* ont été effectués au Maroc. Soit disant 339 tests par million d’habitants. De ce fait, si tout le monde décide soudainement de revenir au pays, faudra-t-il les dépister tous ? Et puis comment ? Ou plutôt avec quoi ? Aussi faudra-t-il penser à les mettre en quarantaine, mais avec le nombre limité de lits et de personnel, sacrifier reste la seule option.

Ne serait-il pas mieux qu’on sacrifie nous-même tant que nous le pouvons ? Tant que nous n’allons pas en mourir ? Ce qui ne sera sûrement pas le cas dans un autre scénario.

L’état marocain a prouvé que le mot « égoïsme » n’a pas d’équivalent en dialecte marocain. Placer la sécurité et la santé de son peuple avant l’économie, avant tout, est un geste qu’aucun autre pays n’a osé faire envers son peuple, à tel point que maintenant, il est même sollicité par des pays européens. La moindre des choses qu’on devrait faire en retour serait de garder la barre aussi haute et représenter le pays dans son dévouement et altruisme comme il faut, pour le pays lui-même, pour nos familles et enfin pour nous-mêmes.

Jusqu’ici, j’hésitais encore s’il fallait parler d’un point ou non mais finalement il fera office de chute. Tandis que certains se déclarent indignés par la situation des étudiants bloqués à l’étranger, moi, ce qui m’indigne le plus c’est les propos d’une partie de ces étudiants même (pas tous, bien entendu) qui dit « Ici, (en parlant de la France) on ne se sent même pas en sécurité, au moins au Maroc, les mesures nécessaires sont prises et la situation est mieux maîtrisée ».

Une simple phrase née spontanément d’une détresse mais qui pèse lourd dans la balance des interprétations. Quand rien ne va, on se précipite vers la première sortie. Après nous le déluge. Et on s’en vante en plus ! Mais quand soudainement, on se sent piégé et que décidément ce qu’on a quitté est devenu mieux, l’instinct de survie s’active et l’on a subitement envie d’y retourner !
Ceci en fait une belle leçon à tous ceux qui dénigrent le pays surtout une fois qu’ils le quittent mais cela va dans les deux sens bien évidemment, on espère par la même occasion que le pays changera sa stratégie pour investir et valoriser davantage le potentiel de sa jeunesse car c’est le seul moyen de conserver ses cerveaux, d’autant plus pour des moments pareils de crise.

Sur ce, je vous dis à la prochaine chronique. En attendant, soyons raisonnables !

*  Source : https://www.worldometers.info/coronavirus/

🧠 Opinions : Les points de vue exprimés dans cet article sont strictement ceux de l'auteur et ils ne reflètent pas forcément ceux de Pokemag